2024 – Nous sommes les enfants de Marie Curie
Nous sommes les enfants de Marie Curie est un recueil de textes de Vilém Flusser autour de l’écologie, édité par Marin Schaffner et publié aux éditions Wildproject. Le titre est inspiré par une chronique que Flusser tint dans la revue américaine Artforum à partir de 1986, « Curie’s Children », une expression forgée par le Managing Director de la revue, Charles Miller (Flusser avait suggéré « Light Metaphors », un titre moins percutant). Ces essais en anglais ont été repris intégralement dans le recueil Artforum Essays, édité par Martha Schwendener chez Metaflux en 2017. Des vingt chroniques publiées dans Artforum (dont deux posthumes), 8 ont été traduites ici ; de plus, 7 des 8 chroniques proposées par Flusser mais non publiées par Artforum sont également traduites ici. Au total ce recueil comprend 29 textes : 17 traduits de l’anglais (dont 15 de Artforum), 3 du portugais, 2 de l’allemand et 7 écrits par Flusser directement en français. Dix de ces textes ont déjà été publiés en français (sur ce site, dans Flusser Studies ou dans la revue Multitudes), les autres 19 traductions sont inédites en français (mais la plupart des textes avaient été publiés en langue originale). Il comprend une quinzaine d’illustrations, dont des vues des sulfanogrades de Louis Bec, et des planches de Herbarium de Joan Fontcuberta.
Ce recueil a pour but de faire découvrir l’originalité de la pensée flussérienne sur l’écologie : Flusser, proposant de penser ensemble les enjeux numériques et environnementaux, questionne ce que peut être l’action écologique dans notre monde technologisé. Comme l’écrit Marin Schaffner dans sa « Note de traduction » (pages 19-22), « il nous emmène en expédition dans les strates enchevêtrées d’un monde de plus en plus complexe. » Les textes sont organisés selon plusieurs grandes lignes : le thème des représentations, celui du temps, celui de la nature, celui de la science, le numérique et, pour finir, l’art ; plus une courte partie finale sur la question de la miniaturisation.
La préface d’Yves Citton, « Le tournant flussérien des écologies » (pages 23-45) montre que Flusser a « plusieurs longueurs d’avance sur ce que nous croyons comprendre de nos rapports à nos environnements », et analyse trois déplacements flussériens majeurs, « dont nos pensées de l’écologie, malgré leur grande diversité, ne semblent pas encore avoir pris la mesure » : le passage d’un modèle linéaire à un modèle circulaire ; le développement d’ une écologie multinaturaliste, combinant nature et culture, singulier et pluriel ; et l’avènement d’une écologie de l’automation permettant la négociation entre programmation et travail, entre valeurs et phénomènes.
Trois citations de Flusser mises en avant dans la présentation du livre :
« L’opposition entre science et fiction n’est plus envisageable. Il est de plus en plus clair que la pensée et la praxis scientifiques ne se font pas sans fiction (pas de pensée sans hypothèses, pas de pratique expérimentale sans simulations). »
« Lorsque nous demandons pourquoi les chiens ne peuvent pas être bleus à pois rouges, nous nous interrogeons en réalité sur le rôle de l’art dans l’avenir immédiat, qui est menacé non seulement par des explosions nucléaires et démographiques, mais aussi par l’explosion de l’ennui. »
« Ce n’est pas parce qu’il y a tant de voitures, de réfugiés et de travailleurs immigrés, et ce n’est pas parce que nous bondissons en tous sens comme des puces sur la surface de la Terre, que nous commençons à mettre sur pied des réflexions nomadiques, mais parce que quelque chose, qui est situé dans une strate plus profonde, refait surface. »
Vous trouverez ici :
– la couverture ;
– la table des matières ;
– les origines des textes ;
– la préface d’Yves Citton ;
– l’essai « Photographies génétiquement modifiées » (p. 255-259), traduction du tapuscrit de la préface de Flusser au livre Herbarium (1985) de Joan Fontcuberta ;
– la 4ème de couverture.
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