Des chiffres: vers une nouvelle imagination

Dans ce texte, Flusser tout d’abord considère le caractère linéaire de l’écriture qui modèle la pensée occidentale. Ensuite, il souligne la difficulté d’écrire certains chiffres (comme 10²) ou équations sans sortir de l’espace (linéaire) – notamment conçu pour une séquence de lettres.

Flusser utilise ce conflit entre les lettres et les chiffres pour aborder la grande question de la relation entre la pensée discursive et la pensée imaginative de type mathématique. Il invoque les images rupestres et l’interdiction iconoclaste typique de la tradition juive pour réaliser une riche réflexion sur la relation dialectique entre lettres et chiffres, discours et image, qui a formaté la culture occidentale. L’objectif d’aider la compréhension des limites de la culture occidentale (alphanumérique).

Flusser analyse philosophiquement ces deux modes de pensée. Il s’agit simultanément d’une question esthétique et épistémologique. Pour cette raison, il invoque les arts, en particulier l’art abstrait, en faisant appel à certains principes de la phénoménologie.

De plus, il ajoute un fait emblématique : l’apparition de l’ordinateur que, d’une certaine manière, révolutionne cet espace d’opérations mentales, lorsqu’il permet l’imagination mathématique de s’articuler avec créativité. Si, avec l’invention de l’alphabet ou du code alphanumérique, l’imagination humaine a été formatée de manière linéaire et, selon Flusser, limitée à la disposition séquentielle ; il est désormais possible d’élargir l’imagination à des niveaux nouveaux et à des dimensions illimitées. C’est la révolution que nous sommes en train de suivre. Finalement, l’ordinateur est capable de combiner différents codes et images techniques et, ainsi, de faire son art (computer art). Par conséquence, selon Flusser, nous assistons également à l’abolition de la limite entre l’art et la science.