1986 Déclin de la littérature
Ce texte a été écrit le 29/9/1986, en vue d’une publication collective sous le titre « Les senses de la science », de la revue Art et Science, de l’EASST Strassbourg.
Il existe une deuxième version du texte, plus abrégée, commentée à la fin.
Flusser part de l’étymologie du mot « littérature », le définissant comme un ensemble de lettres qui, en fait, sont comme une sorte de lunettes à travers lesquelles nous voyons l’origine de notre culture. En effet, selon Flusser, les lettres gardent encore une référence aux pictogrammes dont elles sont issues. Sous ce prisme, il nous fait également voir comment les chiffres sont une sorte d’ « image mentale » : 2, par exemple, est le symbole du double. Dans cette voie plus « imagée », Flusser considère comment les images sont, en fait, un mode de pensée circulaire, où le regard circule pour déchiffrer le message. En ce sens, l’alphabet était une forme de rupture du cercle et d’établissement d’une pensée linéaire et progressive, dans une expression, historique.
Flusser poursuivie cette voie et analyse comment l’ « art » a été vaincu par la « science », c’est-à-dire comment la pensée magique (symbolique) a été vaincue par la technique. Cependant, elle a été rétablie sous la forme d’ « images synthétiques » (ou images techniques, produites par des appareils) – qui sont le résultat de la pensée par code alphanumérique. Flusser continue cette réflexion sur l’origine et la signification de l’alphabet comme porteur de la mentalité et de la culture occidentale, mais aussi responsable par son déclin. Enfin, il affirme une fois de plus que la distinction entre art et science a perdu son sens, ouvrant la porte à un nouveau mode de pensée, non plus linéaire, mais circulaire, grâce aux images techniques.
Dans la seconde version du texte, plus abrégée, Flusser envisage l’utopie de ce nouveau mode de pensée qui permet, selon lui, une véritable explosion de la créativité. Une utopie qui ne peut être réalisée concrètement, car le soi-disant « tiers monde », si dévasté par les catastrophes naturelles et le sous-développement socio-économique, ne le permettra pas. Flusser semble annoncer l’imposition de la barbarie. Une telle utopie, par contre – c’est ce qu’il conclut – est techniquement et mentalement réalisable.
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