Comment lire des symptomes
Flusser commence ce texte en s’interrogeant sur les différentes notions de nature qui sous-tendent des conceptions ontologiques distinctes, notamment celle qui considère la nature comme un livre. Il part donc de cette notion pour problématiser la métaphore du livre de la nature, en faisant référence au Coran et, ensuite, à l`Évangile (où le Christ est le « Logos » pour le christianisme). Mais il fait recours aussi aux mathématiques et à d’autres modèles de codification culturelle et épistémique. Tous représentent un « logos » commun, une matrice de sens. Et, indépendant de la croyance en tel ou tel code, ils ont la force d’une communication qu`établie une certaine culture.
Le point que Flusser veut aborder est la crise épistémique de la culture occidentale. Flusser considère que l’ontologie traditionnelle, en grande partie scientifique, fondée sur la conception d’une « nature-livre » à lire et à découvrir, ne rend pas compte de la réalité. Ainsi, il propose de remplacer la méthode scientifique traditionnelle par la méthode phénoménologique.
La proposition de la phénoménologie peut être bien comprise en termes stratégiques : selon Flusser, la phénoménologie ne peut pas remplacer l’ontologie, mais elle peut la suspendre. L’homme symbolise toujours, il est donc, en quelque sorte, « naturel » la rupture ontologique opérée par sa lecture symbolique.
Selon Flusser, l’histoire semble être un processus qui substitue progressivement la lecture symbolique par la lecture symptomatique (causale). Alors qu’il considère que la lecture symptomatique conduit à une connaissance (épistème) qui « explique » le texte par le contexte, il note que la lecture symbolique conduit à une connaissance (épistème) qui « déchiffre » le contexte. Flusser prend la défense de la lecture symbolique, qui est plus riche et plus significative – ce qui est plus nécessaire dans un monde codifié qui a perdu son sens plus profond. Par cette voie, il propose donc une reprise renouvelée de la lecture symbolique du monde.
Ainsi, dans ce texte, Flusser montre comment le symbolisme propre à l’être humain peut être considéré comme intéressant et nécessaire. Garder cet arrière-plan énigmatique de toutes choses est une façon de garantir une connaissance moins prétentieuse et plus significative. Flusser conclut sa thèse en disant que la nature n’est pas un livre pour nous. Ce n’est même pas le message. La lecture, oui, c’est significatif, et il restera toujours quelque chose d’énigmatique.
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