Une critique du recueil Arts, Sciences, Technologies
Dans la revue Nonfiction, le philosophe Christian Ruby a publié une critique très pertinente de ce livre d’essais de Flusser sur la recherche-création.
« La question qui s’ensuit est dès lors celle-ci : comment mobiliser les arts, non pas pour eux-mêmes, mais pour la dynamique qu’ils insufflent à nos savoirs et à nos activités ? Flusser propose une nouvelle méthodologie, qu’il tire de son analyse du dialogue : elle consiste à inventer des liens vivants capables de rompre avec les discours clos sur eux-mêmes. Dans cette perspective, les sciences humaines et les arts deviennent deux interlocuteurs complémentaires, susceptibles d’atteindre une connaissance intersubjective. À l’objectivité auto-proclamée et enfermée des sciences, Flusser oppose ainsi un dialogue destiné « à la connaissance de la réalité concrète et (au) changement de cette réalité ». […]
Dans ce mouvement, la science devient une forme d’art, et l’art révèle sa capacité de connaissance. Autrement dit, nous serons conduits à abandonner la distinction entre recherche et création, entre découverte et invention, entre « vérité » et « fiction » — dualités que nous employons encore aujourd’hui pour parler distinctement de la science et de l’art. Cette nouvelle épistémologie, telle que la dessine Flusser, est à la recherche d’une « vraie » connaissance, capable d’assumer le « point de vue de l’être-humain-dans-le-monde entier », selon sa formule. »