Sans titre (sur la communication humaine)
Il s’agit d’une réflexion de Flusser sur la communication humaine.
Le texte part d’une constatation fondamentale : l’homme n’est pas un animal communautaire comme les abeilles ou les loups, qui suivent leur instinct naturel. Ainsi, sa communication ne peut être placée au niveau du naturel, mais de l’artificiel… Dire artificiel implique de faire place à l’artifice, aux astuces et aux inventions ingénieuses, en un mot : la créativité ! Pourtant, pour cette sorte de communication artificielle, l’homme utilise des codes, qu’ils soient gestuels ou matériels – mais toujours conventionnels -, une sorte de seconde nature.
Mais à cette vision, Flusser ajoute une perspective existentielle : cette seconde nature semble fonctionner de concert avec un mécanisme qui favorise l’oubli que nous sommes seuls, que, existentiellement, nous sommes des êtres solitaires, et que nous allons mourir. Nous voyons ici avec évidence comment Flusser récupère l’expression heideggérienne si « être-pour-la-mort ». C’est pour cela, selon Flusser, que l’homme crée, par sa communication, une société si complexe – la complexité est comme un filet qui veut cacher le vide existentiel, le « rien » derrière tout.
Le monde codifié dissimule la situation existentielle tant redoutée, tant évitée : « La communication humaine est artificielle, non seulement en ce qu’elle est un stratagème contre la solitude mais aussi en ce qu’elle va à l’encontre de la nature ». En d’autres termes, la communication humaine est une sorte de mouvement réactif fort (presque désespéré) qui s’étend constamment pour faire face au processus d’entropie. Selon Flusser, ce texte lui-même, tel qu’il est tapé, est une tentative d’augmenter l’information dans la mémoire des futurs lecteurs… Flusser termine le texte en faisant référence à la dimension intersubjective, ou au consensus nécessaire pour établir les codes déjà mentionnés. Mais à ce moment, le texte est malheureusement interrompu.
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