De FlusserLe mur des livres

Le mur des livres

Dans ce texte, Flusser commence par une description phénoménologique de son expérience personnelle dans sa bibliothèque privée. Étant donné qu’il connaît chacune des œuvres, ce « mur de livres » est dominé par lui, au lieu de l’emprisonner. Il s’agit bien d’une métaphore pour penser le concept de mémoire, comme lieu où l’information est stockée. En ce sens, la bibliothèque serait-elle une mémoire artificielle, tandis que le cerveau serait la mémoire naturelle, se demande Flusser ? Selon lui, il faut absolument défaire cette opposition, car « l’artificiel est l’habitat naturel de l’homme ».

Flusser montre que, d’une part, une bibliothèque peut isoler quelqu’un du monde, comme une « tour d’ivoire » ; mais, d’autre part, les livres peuvent former des réseaux avec d’autres livres et d’autres bibliothèques. Ainsi, les « souvenirs », que les livres représentent peuvent aussi se connecter à d’autres mémoires.

En ce sens, les bibliothèques publiques sont une mémoire collective. Elles gardent l’histoire, sachant même qu’un jour elles pourront être détruites comme celle d’Alexandrie… À la fin, l’entropie finira par les vaincre.

Pourtant, malgré l’apparition de nouvelles mémoires artificielles (qui habitent les surfaces électroniques), selon Flusser, les livres ne disparaîtront pas, car la quantité de publications des bouquins (surfaces unidimensionnelles) est immense. Ce qu’il veut dire, c’est que l’homme unidimensionnel que le livre représente, ne sera pas immédiatement remplacé par l’homme multidimensionnel que les nouvelles surfaces préconisent.

Et il y a encore un autre élément pour une telle résistance de l’existence du livre : l’esthétique. Le livre représente une beauté irremplaçable. Les murs de livres que forment les bibliothèques sont magnifiques, dit-il, car elles représentent une synthèse entre le hasard, la délibération et la nécessité de garder la mémoire du savoir. Ainsi, le livre ne sera jamais complètement éliminée : « Car c’est la Beauté de la pensée humaine, laquelle est, elle aussi, une telle synthèse. Louons donc maintenant les murs des livres. »

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